Mientras
esperamos las traducciones al español y/o inglés del último Boletín Global
Europeo de Anticipación Política, del Laboratorio Europeo de Anticipación Política, reproducimos acá la declaración pública
correspondiente (Boletín N°87, del 15 de Septiembre (http://www.leap2020.eu/GEAB-87-est-disponible--Il-avait-ete-une-fois-l-Amerique_a16838.html). El número está dedicado a brindar al lector europeo un panorama "... clair, brutal et sans complaisance sur la réalité économique, financière, politique et sociale des États-Unis et des Américains". Pasen y vean:
Título: GEAB 87
est disponible ! Il avait été une fois l'Amérique
Texto: Le déclin
des États-Unis, nous l’avons déjà maintes fois analysé, écrit, confirmé. Et
pourtant, à la vue de la couverture médiatique actuelle d’une Amérique qui
aurait retrouvé sa santé économique [1], un marché de l’emploi florissant [2],
son rôle de modèle pour l’Europe (et le monde) [3], un avenir énergétique en
rose [4], une énième fois s’impose de présenter à nos lecteurs un regard clair,
brutal et sans complaisance sur la réalité économique, financière, politique et
sociale des États-Unis et des Américains. A l’obstination des propagandistes
américanistes, il faut opposer une endurance équivalente.
Certes, les
bourses flambent, mais cela n’est point un indicateur d’une société et d'une
économie qui seraient sorties par le haut de la crise. Les taux record ne sont
autres que les effets de la politique monétaire de l`argent facile pratiquée
par la Fed et l’impasse dans laquelle sont les investisseurs qui ne trouvent
pas d’autres placements que les actions d’entreprises déjà surévaluées et les
valeurs factices de la finance innovatrice. Les États-Unis s’autodétruisent et
détruisent le monde en passant. Les dieux aveuglent ceux qu’ils veulent perdre.
Et aveugles au regard de la réalité du monde, les Américains le sont effectivement.
L’hybris, l’orgueil démesuré d’un pays qui se considère God’s own country, le
pays choisi, number one en tout, héraut de toutes les valeurs de l’humanité,
est en train d’entraîner les États-Unis dans les abysses.
Une
superpuissance détruite par son hybris – et qui détruit le monde
Au Moyen Orient,
la politique américaine a laissé derrière elle un chaos géopolitique
gigantesque, pratiquement sans équivalent dans l’histoire du monde dans la
mesure où toute une région se trouve à feu et à sang sans le moindre espoir
qu’une force stabilisatrice puisse émerger. Le chaos risque de durer pour
longtemps. Après 13 années de guerre contre le terrorisme, les États-Unis ont
fini par permettre à un groupe islamique fanatique et cruel de s’installer durablement
dans une région qui regorge suffisamment de ressources pour le financer et de
le rendre au fur et à mesure plus puissant. En combattant le terrorisme, les
États-Unis l’ont rendu plus puissant que jamais [5]. Il faut se rappeler
l’objectif que les États-Unis s’étaient fixés en envahissant l’Irak : Ils
voulaient transformer la région depuis le Maroc jusqu’au Pakistan, depuis la
Turquie jusqu'au Yémen, en états démocratiques, séculaires, dotés d'un bon
niveau d’éducation et d’opportunités économiques [6]. Etant donnée la situation
aujourd'hui, la relecture de ce plan initial [7], tel qu'il avait été présenté
par les néo-conservateurs à l’époque, laisse perplexe devant un tel degré de
naïveté et d’obstination à vouloir écarter toute part de réalité qui ne
s’accommodait pas à l'époque avec le monde comme ils voulaient qu’il soit. Et
la presse américaine marchait au pas [8], même si le New York Times s'était
plus tard excusé de ne pas avoir fait son travail de presse indépendante en
amont de l’invasion de l’Irak [9].
Non contents
d’avoir déstabilisé le Moyen Orient, les États-Unis s’efforcent aujourd’hui de
déstabiliser l’Europe dans une région qui, après la chute du Mur de Berlin
avait retrouvé une paix stable et sereine sur un terrain de tous les dangers.
La crise ukrainienne trouve sa cause dans une politique américaine 2.0 d’un
endiguement de la Russie (containement policy) qui, elle, trouve son point de
départ et son inspiration dans le fameux «long telegram » de George Kennan du
22 février 1946 [10] (!) dans lequel le diplomate en poste à Moscou faisait
part de sa conviction qu’une paix avec la Russie était à long terme impossible,
que la Russie ne chercherait toujours qu'à accroître sa puissance et son
territoire et qu’il était donc nécessaire de mener une politique d’endiguement
permanent. Il serait profondément troublant si les personnes au pouvoir à
Washington étaient incapables de saisir la différence entre une Union
soviétique sous Staline et la Russie d’aujourd’hui sous Poutine,
considérablement affaiblie par la chute de son État précédent, la perte de 22%
de de son territoire, de 50% de sa population et de son réseau d’États
satellites (qui sont tous passés dans le camp occidental), économiquement
hypothéquée par le programme économique réformateur du FMI (d’inspiration
américaine), qui a fait gaspiller au pays ses richesses nationales en les
privatisant au profit d’une classe oligarchique naissante [11], et enfin
encerclée par l’extension de l’alliance militaire adverse, l'OTAN, et celle du
bloc économique européen jusqu’à l’intérieur de son ancien territoire (les pays
baltes).
La capacité
d’analyse et de compréhension des affaires du monde des responsables américains
nous impressionnent en général fort peu, mais de là à imaginer que Washington
ne connaîtrait pas la différence entre l’Union soviétique d’antan et la Russie
d’aujourd’hui est un pas que nous ne franchirons pas. Cet objectif
d’endiguement et essentiellement motivé économiquement: les responsables
américains aspirent à ouvrir l’Ukraine aux produits américains, mettre la main
sur son immense potentiel agricole [12] (à une époque où la spéculation sur les
produits alimentaires s’enflamme [13]) et ses grandes entreprises [14] et
ouvrir le marché européen d’énergie au gaz et pétrole de schiste américain
[15].
Mais peu importe
la véritable motivation : pour mener une politique d’endiguement, il faut avoir
ou se donner les moyens. Ceci n'est pourtant pas ou plus le cas. Le ministre de
la défense Chuck Hagel a présenté des propositions de réduction des dépenses
militaires ce qui, selon USNews « transformera la défense américaine en une
force pratiquement méconnaissable de son ancêtre ‘post cold war’ qui a dû
supporter 13 ans de guerre au sol dans le Moyen Orient. ». Treize années de
guerre, et quels piètres résultats : Afghanistan toujours déstabilisé [16], et
toujours premier producteur d’opium au monde [17] ; un Irak où l’autorité
régalienne du pouvoir central a implosé, la lutte contre un dictateur syrien,
toujours au pouvoir qui a engendré un ennemi encore plus féroce, l’ISIS, que
certains comparent même au terrible Gengis Khan [18] , et l’Iran promu au rang
d’allié de fait dans la région [19]. Tout ce que les responsables américains
ont entamé en treize ans s’est transformé en véritable catastrophe. Et les
coûts sont en conséquence : Les États-Unis sont selon une étude des chercheurs
d’Harvard [20] face à une facture de guerre contre l’Irak et l’Afghanistan qui
s'élève entre 4 et 6 billions de Dollar (largement au dessus des dépenses du gouvernement
fédéral de l’année fiscale 2014[21]), dont une part substantielle sont des
dépenses courantes de soin et de soutien financier aux vétérans qui plomberont
donc pour encore des longues années les comptes publics américains.
Les États-Unis
depuis déjà de nombreuses années ne sont plus la superpuissance qui peut régler
tous les problèmes par des campagnes militaires. D’abord du fait d'un
déséquilibre entre ambitions et efforts consentis, ensuite par manque de
moyens. Et comme la puissance globale des États-Unis a été construite sur sa
puissance militaire, ils ne sont aujourd’hui que l’ombre de ce qu’ils étaient
auparavant.
Si l’on n’a plus
soi-même les moyens de ses ambitions, il faut trouver quelqu’un d’autre pour
faire la besogne. Il est donc peu surprenant que le gouvernement américain ait
redécouvert l’utilité de l’OTAN pour pousser ses pions à des fins économiques
en Ukraine. Il met une considérable pression aux gouvernements des États
membres de l’OTAN pour augmenter leur budget militaire, mais avec un succès
plus que mitigé [22]. Car l’objectif de consacrer 2% du PIB aux dépenses
militaires a été étalé jusqu’à 2024 ; décision que la ministre de la défense
allemande a d’ailleurs relativisé dès le lendemain en la qualifiant d’une
‘simple déclaration d’intention’[23].
De même la
décision de créer une force de frappe rapide de 3000 à 5000 soldats paraît
dérisoire face à une armée russe de 1,15 million de soldats et 2 millions de
réservistes aptes au combat [24]. La force de frappe serait munie d’un
équipement léger, certainement avec l’idée géniale en tête que cela leur
permettra d’esquiver plus facilement les 6500 chars de combat russes actifs
[25]. En fait, depuis la fin de la guerre froide, l’armée russe s’est peu
transformée, restant une armée de combat pour des vastes opérations au sol,
contrairement aux armées des États-membres européens de l’OTAN qui ont réduit
considérablement leurs effectifs et notamment le nombre de chars, estimant que
les défis militaires étaient devenus d’une toute autre nature. Ainsi, entre
1989 et 2014, la France a réduit ses chars de combat de 1348 à 297 éléments
[26], l’Allemagne de 2125 à 225 [27] et tous deux ont supprimé voire ‘suspendu’
le service militaire obligatoire. Enfin l’Amérique, 25 ans après la chute du
Mur de Berlin, est militairement si peu présente en Europe, que toute idée
d’une confrontation militaire avec la Russie paraît absolument incongrue [28].
Dans la
confrontation avec la Russie, l’OTAN est comme l’abeille devant l’ours et
engagée dans le chemin d’un échec programmé – quelle preuve absolue d’une perte
incroyable du sens de réalité de la part des responsables américains ! Le coup
d’état orchestré par les occidentaux a fait perdre au pouvoir central ukrainien
sa légitimité par rapport à la population russophone et ainsi préparé le
terrain pour une mainmise de la Russie sur cette partie de l’Ukraine,
probablement dans la forme d’une large autonomie au sein d’une Ukraine fédérale
et sous forte influence russe. Comme au Moyen Orient, la politique que le
gouvernement américain a conduite, fondée sur la conviction de l’infaillibilité
de ses stratégies et sa toute-puissance, a jeté une région dans le chaos et
finira par renforcer les forces adverses aux États-Unis. […]
Notas:
[1] Par exemple:
Figaro du 29/05/2013 - Croissance: Pourquoi les États-Unis décollent et pas
l’Europe; Huffington Post du 01/02/2014 – La reprise égoïste des États-Unis
fait trembler le monde; euronews du 29/07/2014 – La Fed se réuni en attendant
des chiffres confirmant la reprise ; Süddeutsche Zeitung du 29/01/2014 – US-
Notenbank will (wegen des Wirtschaftsaufschwungs) Anleihenkäufe weiter drosseln
;Die Zeit du 12/04/2013 – Amerikas neue industrielle Revolution ; Huffington
Post du 10/03/2014 – The US Recovered Faster From The Recession Than Every
Other Country But Germany ; USNews du 15/012014 – 5 Reasons Why 2014 Is Looking
Good For The U.S. Economy .
[2] Par exemple:
CNN Money du 04/06/2014 – U.S. soon to recover all jobs lost in crisis;
Süddeutsche Zeitung du 12/05/2014 – Arbeitslosenquote fällt auf Niveau zur
Lehman-Pleite; Der Spiegel du 15/07/2014 – Fed- Chefin Yellen deutet
Zinserhöhung an – wenn die Arbeitslosigkeit weiter sinkt; rfi du 02/08/2014 -
Aux États-Unis, la reprise du marché de l’emploi se poursuit ; Les Echos/Bourse
du 07/06/2013 – La reprise du marché de l’emploi toujours fragile aux
États-Unis .
[3] Par exemple:
Die Wirtschaftswoche du 04/09/2014 – Zukunft der Weltwirtschaft hängt von
Amerika ab; DerStandard.at du 20/12/2013 – US- Wirtschaft zieht an Europa
vorbei; atlantico.fr du 18/06/2013 - États-Unis-Europe, le match des politiques
économiques face à la crise : la réponse avec le graphique qui tue (ou pas ?) ;
or, en matière de transition énergétique :DWN du 01/03/2014 et du 24/04/2014 en
faveur du fracking.
[4] Business
insider du 10/09/2013 ; USA Today du 23/10/2013;BBC du 02/04/2014 ; TheGuardian
du 12/11/2012 ; Courrier international du 23/11/2011 ; La Croix du 15/05/2014 ;
[5] 5 ways the US
Enabled the Radical Islamic State. Source : AlterNet du 07/09/2014
[6] Voir pour un
rappel général: Institute of Policy Studies
[7] Cet article
semble être le point zéro de cette politique de folie : Victor David Hanson,
‘Democracy in the Middle East’, paru le 22/10/2002 dans le Weekly Standard
[8] William
Safire ‚Creeping Democracy‘, paru le 22/03/2004 dans le New York Times
[9] New York
Times: We were wrong on Irak; source: The Guardian du 26/05/2004
[10] 22 february
1946: George Kennan sends ‚long telegram‘ to the state department
[11] Voir
Libération du 28/08/1998
[12] Global
research du 25/03/2014
[13] Le Monde du
13/09/2012 ; foodwatch du 07/07/2014 : Les spéculateurs de la faim
[14] Le fils du
vice-président américain Joe Biden, Hunter Biden, obtient une très haute
fonction à Burisma (producteur de gaz). Source : Der Spiegel du 14/05/2014
[15] Voir Student
reporter du 30/07/2014
[16] “2014:
Withdrawal continues and insurgency increases.” Wikipedia
[17] “Afghan
opium production explodes despite billions spent’ says US report”. Source: The
Guardian du 30/04/2014
[18] Source:
Reuters du 20/07/2014
[19] Source:
Washington Post du 19/06/2014
[20] Washington
Post du 28/03/2013 : Study : Iraq, Afghanistan war costs to top 4 trillion
[21] Source: USGovernmentspending.com
[22] Voir FAZ du
05/09/2014
[23] Source:
Badische Zeitung du 10/09/2014
[24] Source:
Wikipédia
[25] Source:
Wikipédia
[26] Sources:
http://www.senat.fr/questions/base/1990/qSEQ900811332.html; wikipedia
[27] Source: Wikipedia
[28] Voir The New
York Times du 26/03/2014 “Military Cuts Render NATO Less Formidable as
Deterrent to Russia
No hay comentarios:
Publicar un comentario